Ma vie est une partie d'échecs dans laquelle j'ai perdu. Je suis née à Dover, une vaste ville de l'état de l'Oregon, un certain 21 mars 1996. Je suis née d'une mère musicienne et d'un père avocat. Trois ans après ma naissance, j'ai eu une petite soeur, Alexie. Nous étions une famille heureuse, j'étais une fille soucieuse du monde dans lequel nous nous trouvions, j'étais généreuse, attachante, chaleureuse mais toutes ses jolies choses ont disparu.
Ça a commencé, lorsque ma mère annonça à ma soeur et moi qu'elle avait un cancer, il y a 10 ans, cancer des poumons et du sang, sur le moment on a pensé qu'on ne devait pas sans faire que tout cela allait s'arranger... Néanmoins ce ne fut pas le cas, au fil des jours elle devenait fatiguée, elle s'évanouissait fréquemment jusqu'à ce qu'elle se retrouve un jour à l'hôpital.
La nouvelle du médecin annonçant qu'elle n'avait plus beaucoup de jours devant elle, nous anéantit, mon père, ma soeur et moi. Mon père s'en doutait, il accompagnait ma mère dans ses séances hebdomadaires chez le cancérologue mais il essayait de repousser l'inévitable à plus tard mais le temps à rattraper mon père et aujourd'hui il est face à la chose qui n'aurait jamais souhaité. Il se montrait fort devant nous mais je savais, durant les derniers jours qu'on passait aux côtés de notre mère, que mon père, quand il était seul, pleurer. Mais le pire fut à venir. Je suis entrée dans la chambre. Mes pieds ont parcouru les dalles au sol et ma paume s'est tout de suite posée sur sa bouche. Personne n'avait rien remarqué. Les médecins n'étaient pas là. Personne, sauf moi. Ses yeux mis clos, je vis parfaitement que ma mère était désormais tourné vers le côté de la mort.
On était en janvier 2005. J'avais 9 ans. Ma mère était morte. J'étais face à la mort, moi. Je me raidis et mes pensées s'affolaient. Ce n'était pas possible. Ce n'était pas possible. Je l'ai secouée. Pourquoi ? Oui, je sais, c'est quelque chose d'instinctif. Pour faire barrage à la vérité. À ce moment-là, mon coeur était glissant et brûlant, et il battait fort, très fort. Bêtement, je restais là. Pour voir.
Je recommençai à l'a secoué, alors que je savais très bien qu'elle ne se réveillerait pas.
Si vous avez du mal à imaginer la scène, penser à un silence incrédule. Pensez à des épaves de désespoir qui flottent. Et sombrent dans un hôpital.
Après cet incident, plus rien n'était pareil. La vie familiale était désormais plus proche que jamais, moi, je m'étais mise à fumer à 12 ans, j'étais devenu froide envers mes amis, et la suite de ma vie jusqu'à il y a un an était devenu routine. Je ne rêvais pas à une vie d'aventurière mais je souhaitais avoir une meilleure vie, je souhaitais avoir une mère sur qui je pouvais compter, demander des conseils, des avis mais tout ça je ne pouvais plus l'avoir.
Un soir, alors que ma soeur Alexie avait fait un gala de danse, mon père et moi étions venu la voir pour l'encourager. Sur le trajet du retour, la nuit était présente et la lune dans toute sa rondeur l'était aussi. Nous nous trouvions dans une bonne ambiance, on rigolait, je sourirais, chose qui était devenue rare depuis le décès de ma mère. Puis encore une fois mon père du faire face à l'inévitable, un chauffeur ivre arrivant à pleine vitesse sur notre file en face de nous. Il essaya pourtant de dévier la voiture mais en vain. Un an plus tard, il y a de ça 3 mois, je me suis réveillée dans un hôpital. Orpheline, les médecins m'apprirent que mon père était mort sur le moment et que la soeur avait abandonné il y a 5 mois de ça. Et moi j'étais toujours vivante.
J'aurais voulu, que la mort vienne aussi me chercher, j'aurais voulu qu'elle me prenne, je n'avais plus rien à faire dans ce monde, rien ne me retenait... Mais la partie d'échecs n'était pas fini, il restait des pions en jeu, mais lesquels . Je n'avais plus personne, pas même des grands-parents, non ils étaient tous partis, m'abandonnant. Je haïssais, ma vie, je haïssais, ce chauffeur ivre, je haïssais les cancers, je haïssais ces médecins qui auraient dû me débrancher pour que je ne puisse jamais me réveiller.
J'entrepris 2 mois de rééducation, durant lesquels j'appris qu'une famille d'un coin pommée nommé Mistic Falls m'accueillerait. Je l'avais rencontré. Ils étaient pitoyables, il me dégoutait, il pensait pouvoir me faire retrouver mon sens du bon gout de vivre, mais je l'avais perdu et ce depuis le jour où j'avais vu ma mère allongée sur son lit de mort. Je détestais les hôpitaux, je détestais ces gens-là, mais je ne pouvais rien y faire.
Arrivée dans la petite ville qui me recevrait, j'entrepris de m'acharner à rejoindre ma famille de l'autre côté, je pris un job de serveuse dans un bar miteux, je commençai à boire, à beaucoup boire, je fumais, beaucoup, j'allais même dans des boutiques Vaudoues pour me procurer des herbes et pourtant alors que je m'acharnais à rejoindre la mort, la vie s'acharnait à me tenir vivante.
Je n'en pouvais plus, je devais supporter ma nouvelle famille, je devais supporter tous ses habitants étranges et peu commodes, j'en avais marre et hélas, je devais attendre que le jeu se finisse.